Le 11 novembre 1918 à 11 heures précises, les 15 cloches de la cathédrale de Verdun annonce la fin de la guerre au pays meusien. Sur 586 communes, 412 ont été endommagées, 63 complètement détruites.Dans le canton de Charny qui ne compte plus aucun civil, 9 villages sont à jamais rayés de la carte. Leur sol est trop meurtri, les risques d’explosion sont trop importants pour envisager une reconstruction. «Situé sur le chemin des grandes attaques dirigées contre Verdun et complètement détruit par les plus violents bombardements, Bras a victorieusement opposé à l’envahisseur le rempart de ses ruines. Il a bien mérité par son glorieux sacrifice le reconnaissant témoignage du Pays». Plus heureux que ses voisins, notre village renaîtra de ses cendres. Mais que de travail à accomplir.
Les premiers habitants rentrent à Bras au printemps de 1919. Sans toiture, sans murs, sans ravitaillement, ils n’ont pour eux que leur courage. A leurs yeux s’offre un paysage de ruines et de désolation. Les routes, les rues ne sont que trous d’obus. Seuls quelques pans de murs noircis témoignent encore de la vie d’autrefois. Le sol est jonché de débris d’immeubles, d’engins explosifs, de barbelés et de matériel abandonné par l’armée.
Pour loger la population, un village provisoire fait de baraques en bois est monté à 400 mètres à l’écart du village actuel. Il s’étale peu à peu de part et d’autre de la route nationale, à partir du dernier virage en venant de Verdun jusqu’au cimetière militaire, de chaque côté du chemin du Petit Bras et du chemin de Rosières. La vie y reprend progressivement en attendant la reconstruction d’un Bras neuf. Mme Lajoux tient une épicerie-café. L’école pour les enfants des deux sexes a lieu sous la direction de Melle Labriet, dans une baraque derrière le hangar de M. Duchêne. On note aussi deux bergeries et des étables. L’Etat accorde, en cas de besoin, des indemnités journalières permettant d’attendre reprise d’une économique normale.