La gendarmerie se développe au milieu du dix-neuvième siècle et par décision ministérielle du 11 avril 1855, une brigade à pied est créée à Bras. Placée sur la route de Stenay, alors très fréquentée, la commune n’est reliée à Charny, chef lieu de canton, que par un bac. Il paraît à cette époque plus commode pour « le service » d’installer la brigade sur la rive droite de la Meuse, où se trouvent onze communes appartenant à la circonscription. Une maison est louée pour le casernement sur la route impériale N°64 à l'angle du chemin d'interêt n°15 de Bras à Dombasle (1).
Au rez-de-chaussée 4 chambres dont 2 avec cheminée forment les logements 1 et 2. A l'étage 6 chambres dont 3 avec cheminée forment les logements 3, 4 et 5. S'y ajoutent une chambre à four disposant d'une pompe au rez de chaussée et un grenier commun surplombant le 1er etage, 2 buchers au rez de chaussée et trois au grenier. La cave est divisée en 5 compartiments. La gendarmerie compte deux chambres de sureté et un jardin attenant de 13 ares pour pouvoir installer des ecuries si une brigade à cheval venait à remplacer la brigade à pied. On peut imaginer le peu de confort dont disposent les 5 gendarmes mais à cette époque on se contente de peu.
Le 19 juillet 1870 Napoléon III declare la guerre à la Prusse. Le 24 août Verdun est assiégé et les brigades de gendarmerie disséminées sur le territoire recoivent l'ordre de se retirer à l'approche de l'ennemi dans la "forteresse " la plus proche. Le 10 octobre le général prussien établit le quartier général des opérations du siège à Charny. Bras devient le centre d'approvisionnement et d'opération des Prussiens rive droite jusqu'au 26 janvier 1871. La gendarmerie inoccupée est réquisitionnée pour l'établissement d'un bureau télégraphique. Venant d'Etain, le reseau passe par Fleury, se dirige sur Charny et Marre pour se raccorder plus loin à une ligne téléphonique reliant Versailles. Après guerre, la propriétaire réclame des dommages suite aux dégradations de l'occupation. Le Prefet refusera, sous pretexte que " la commune de Bras paraissant avoir profité des bâtiments de la gendarmerie pour exonerer de logement militaire une partie des habitants ou du moins diminuer les charges de logement, il semble équitable qu'elle prenne à sa charge les dégradations, sauf à reclamer ultérieurement un dédommagement au gouvernement français comme tous ceux qui ont souffert de l'invasion".
Le temps passe. Le travail de la brigade prend de l’ampleur et les locaux exigus commencent à poser problème. "Mon commandant, j’ai l’honneur de vous exposer qu’à la brigade de Bras il n’y a pas de bureau, ce qui offre les plus grands inconvénients à tous les points de vue " écrit le capitaine BIAGNE commandant la gendarmerie de l’arrondissement de Verdun au chef d’escadron commandant la gendarmerie de la Meuse à Bar le Duc le 14 avril 1888 (2).
Mais rien ne change et deux ans plus tard, les plaintes continuent d’affluer. Le 17 novembre1890, le chef d’escadron Faget s’adresse au préfet : "Cette caserne est défectueuse à tous les points de vue. Les logements y sont étroits, mal distribués et d’une insuffisance inconfortable. C’est à peine si chacun des gendarmes, dont deux sont chargés de famille, peut disposer de deux petites pièces insuffisamment aérées ; l’un d’eux même n’a à sa disposition qu’une pièce et un cabinet pouvant difficilement contenir un lit. Le brigadier n’a pas de bureau ; c’est sa cuisine qui en tient lieu et qui lui sert aussi de chambre à coucher, l’autre étant réservée à sa fillette. « Aucune maison convenable n’étant disponible à Bras, l’administration cherche dans les autres villages de la circonscription. Charny paraît tout indiqué car depuis l’établissement des ponts sur le canal et sur la Meuse et la création du chemin de fer, la route de Stenay a perdu une grande partie de son importance. Il semble nécessaire de transférer la brigade au chef-lieu de canton pourvu d’une gare et d’un bureau de poste et télégraphique, avantages dont Bras est privé."
La brigade s’installe à Charny le premier juillet 1892 dans une maison appartenant à M. Jean Baptiste Nocton, négociant à Verdun et situé dans la grande rue. Elle va y rester quatre vint dix ans.
Curieusement, on reparle de la gendarmerie à Bras en 1979. Un compte-rendu du conseil municipal du 22 mai mentionne un éventuel départ de la brigade de Charny. Favorable à son maintien dans le canton et afin de favoriser la recherche de solutions, le conseil propose la mise à disposition au Ministère des armées d’un terrain communal situé sur le CD 964, pour la réalisation d’une construction nouvelle. Le 26 juin 1980 après délibération, les élus renouvellent cet engagement. « Après avoir jugé si les charges financières d’une telle construction sont compatibles avec le budget communal, le conseil donnera son accord pour se porter maître d’ouvrage par les moyens de financement répondant aux critères actuels du Conseil Général dans le cadre des nouvelles constructions de gendarmerie » est-il précisé. La commune est prête à engager le processus de la construction de la caserne dès qu’elle aura eu connaissance du rapport de M. le Préfet résultant de la Décision du Conseil Général de maintenir la Gendarmerie dans le canton et précisément à Bras et que le Conseil aura adopté le plan de financement que lui proposera le Conseil Général. Mais aucune suite ne sera donné à cette proposition et le canton perdra définitivement sa brigade. La gendarmerie de Charny a été réhabilitée par la commune dans le cadre du développement local et le bâtiment rebaptisé « les genêts » abrite désormais des logements locatifs.
Dominique ANCIAUX
C’est à la suite d’une conversation avec Madame BLANCHET aujourd’hui décédée que j’ai appris l’existence de la gendarmerie et engagé mes recherches.
1.Emplacement du 27 rue Raymond Poincaré actuel
Sources : Archives départementales de la Meuse. Série M, en cours de classement lors de la consultation /.R. Blaise : Verdun pendant le siège de 1870 / Archives départementales de la Meuse. Série R. 69 R 55 / Abbé Gabriel. Journal du blocus et du bombardement de Verdun pendant la guerre de 1870.