La bourgade n’est plus. Poutres, tuiles, pierres,
Jonchent le sol. Et les canons ont répandu
De la Meuse au canal, un tel nombre d’obus,
Que les trous réunis forment une rivière.
Du chaos, émergeant au-dessus des poussières
Se dressent des lambeaux de murs, roussis et nus
Des charpentes, les bras en croix, tout noirs, tordus,
Qui donnent au pays l’aspect d’un cimetière :
Les maisons abattues sous les voûtes tombales,
Et les pignons restés encore debout, les dalles
Où l’on inscrit un nom, une date, un passé.
Aussi, lorsque j’y flâne, au clair de lune pâle,
Je cherche sur les murs de ce mortel dédale
Les mots «Ci-gît Bras ! Requiescat in pace !»
20 février 1917
Paul PIMOULLE