Dans le cadre du suivi des dossiers d’urbanisation du territoire, le Service Régional de l’Archéologie de Lorraine a été saisi par la commune de Bras-sur-Meuse pour le projet d’extension d’un lotissement communal. Le SRA avait demandé alors que des sondages soient effectués sur toute l’emprise du lotissement afin de s’assurer de l’absence de potentiel archéologique. Ces sondages ont été réalisés à l’aide d’une pelle mécanique munie d’un godet lisse, en effectuant une série d’excavations rectangulaires qui représente une couverture de 5 à 10% de la surface menacée. Les résultats de ce diagnostic ont mis en évidence la présence d’indices archéologiques au sud-est du lotissement, sur la parcelle 18. Ces indices ont été interprétés dans un premier temps comme étant les vestiges d’une nécropole à incinération (présence de fragments de céramique et d’os carbonisés dans de petites fosses), enclos par un système fossoyé (excavation linéaire traversant la parcelle). Afin de se libérer de cette hypothèse archéologique, une convention a été passée entre la commune, le SRA et l’AFAN (Association pour les Fouilles Archéologiques Nationales). Cette convention prévoyait un décapage complet de la parcelle par une pelle mécanique et la fouille des structures découvertes par une équipe de deux archéologues, pendant une durée maximum de dix jours.
Voici les renseignements fournis par Olivier Faye, archéologue, alors que l’étude de ce site étant encore en cours, certaines interprétations et hypothèses ont pu évoluer par la suite.
A la surface du décapage, une structure linéaire fossoyée qui se présente en surface sous la forme d’une bande large d’une dizaine de mètres de couleur sombre traverse le site de part en part. Elle est orientée pratiquement nord-sud. Deux tranchées ont été pratiquées perpendiculairement à son tracé pour permettre d’appréhender son profil en forme de cuvette, et son mode de comblement, constitué par un limon noirâtre contenant divers éléments anthropiques (fragments de céramique, d’os brûlés, de verre) et une assez grande quantité de charbon de bois. Ce système fossoyé correspond vraisemblablement à une voirie de type chemin creux. Ce genre d’installation est connu depuis l’époque romaine et sert également de collecteur d’eaux pluviales. Son comblement est dû au captage des matériaux (érosion, colluvionnement) périphériques. Sur le côté est de cette voirie a été découvert un ensemble de petites fosses circulaires d’une profondeur moyenne de 0,20 m, comblé par un limon noirâtre aggloméré à des pierres calcaires (provenant du substrat naturel). Ce conglomérat contenait quelques fragments de céramique de l’époque Gallo-Romaine pour une part datée de l’Antiquité tardive (4ème siècle ap. J.C.) et d’autre part mais en quantité moindre du Haut Empire (1er -2ème s.), ainsi que quelques éléments pouvant provenir de sépultures à incinération composées de fragments d’os brûlés et également de verre totalement déformés par une crémation. Au sud du décapage, la sépulture d’un individu a été découverte. Elle est orientée est-ouest la tête vers l’est. Une étude anthropologique est envisagée afin d’obtenir plus de renseignements pour le rapport final de synthèse de ce site. On peut seulement dans un premier temps, en relation avec la céramique recueillie, dater cette sépulture de l’époque Gallo-Romaine de l’Antiquité tardive (4ème siècle).
Le matériel recueilli permet d’affirmer une occupation à l’époque Gallo-Romaine à Bras-sur-Meuse, situé chronologiquement au 1er et 1ème siècles après J.C. et vraisemblablement jusqu’au 4ème siècle. Les indices recueillis permettent de confirmer l’existence d’une nécropole sur ce secteur. D’une part attestée par la présence d’une sépulture de la phase la plus récente(1) qui, malgré son caractère isolé, pourrait être une tombe située en périphérie d’un ensemble plus important, implanté plus au sud hors limite du décapage, et d’autre part par la présence de nombreux résidus d’incinération qui correspond au rituel consacré à la phase la plus ancienne reconnue(2). Les petites fosses circulaires, décrites ci-dessus, sont vraisemblablement les réceptacles des urnes à incinération probablement pillées lors de l’installation des inhumations.
NOTES 1. Au cours de l’Antiquité Tardive, le développement de l’inhumation traduit une transformation des croyances et des coutumes funéraires. Les morts sont inhumés en pleine terre, enveloppés d’un linceul. On dépose fréquemment à leurs côtés des poteries, des vases en verre, des parures. 2. La mort au Haut Empire : Lors de la cérémonie funéraire, le défunt, parfois paré de bijoux et accompagné de poteries, de fioles en verre…, est incinéré sur «l’ustrinum», petite construction cubique aux parements de pierres supportant le bûcher. La crémation terminée, les ossements réduis en cendres sont déposés dans une urne cinéraire. Celle-ci, enfouie dans une fosse, est parfois abritée par un coffrage aux parois formées de tuiles. Le mobilier funéraire se limite souvent à une poterie. Les résidus de l’incinération sont ensuite rejetés dans une grande fosse proche des sépultures.