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Bras-sur-Meuse
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    30/07/2020
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    La commune de Bras-sur-Meuse appartientau canton de Belleville-sur-Meuse...
Sous l'Empire

Le contexte

La commune de Bras fut parfois mêlée, par sa proximité, à l’histoire de Verdun. En 1803, les relations franco-britanniques étaient tendues. L’Angleterre ouvrit les hostilités en capturant deux navires marchands français. Bonaparte furieux riposta par le décret du 2 prairial an XI (21/04/1803) ordonnant l’arrestation des sujets britanniques se trouvant en France. Les Anglais furent répartis dans les forteresses de Verdun, Sedan, Sarrelouis et Bitche, section disciplinaire. Les premiers prisonniers arrivèrent à Verdun le 24 messidor. C’étaient essentiellement des touristes, des commerçants et des marins, rejoints ensuite par les équipages et les passagers des navires de commerce. En tout 1000 à  2000 personnes, parmi lesquelles des femmes et des enfants, furent détenues dans la forteresse, toutes prisonnières sur parole. L’appel deux fois par jour et l’interdiction de quitter la ville firent rapidement place à  un régime plus souple, autorisant un éloignement de deux lieues, voire plus. Néanmoins, même sans barreaux, Verdun restait une prison. La correspondance y était interdite ; la seule presse disponible était française, vantant les mérites de l’Empereur. Certains Anglais, démoralisés, en vinrent peu à  peu  s’évader, malgré la parole donnée. Les prisonniers repris étaient menés à  Bitche, aprés avoir défilés enchaînés à titre d’exemple.

Un passeur brasilien jugé

Le Narrateur, journal de l’époque, relate l’histoire d’un gentilhomme anglais, M. Beaumont Dixie, évadé le 29 fructidor an XII. Le sieur Duchaîne de Bras devait le conduire à  la frontière et placer ses vêtements près de la Meuse, pour laisser croire à  sa noyade dans un moment de « spleen ». Mais l’étranger, abandonné par son guide, fut arrêté à Longwy.  Le tribunal correctionnel rendit son jugement le 25 brumaire. M. Duchaîne père fut acquitté, son épouse Cécile Rougelet, convaincue d’avoir aidé et favorisé l’évasion du prisonnier condamnée à  deux mois d’emprisonnement. Leur fils, complice du délit mais de plus coupable d’avoir volé l’Anglais fut jugé plus sévèrement à un an de détention. Le procureur impérial soulignait au procès « le crime de ces individus peu dignes du nom de Français qui recrutent pour l’ennemi, en favorisant le retour des siens vers lui ».

Beaucoup de ces Anglais prisonniers étaient dans une misère noire. Mais les plus fortunés faisaient parler d’eux, en mettant la ville en effervescence. Si quelques uns se consacraient à  l’étude, la majorité d’entre eux menait grand train. Pour pallier à  leurs dépenses, ils recevaient de l’argent d’Angleterre ou empruntaient aux usuriers verdunois. Amateurs de spectacles, de gastronomie et de jeux, ils étaient avant tout très sportifs.

L’hippodrome de Bras

Dès le début, des courses organisées dans une grande prairie dans la plaine de Bras remportèrent un vif succès : courses de chars attelés de deux chevaux, ou courses à pied comme celle qui eut lieu le 2/06/1806 à Bras entre deux Anglais. « Les paris, nous dit le Narrateur, étaient de mille guinées, outre les gageures particulières. Une magnifique voiture et des harnais fort riches ont été mis en jeu et perdus. La course était de deux cents pas et il fallait gagner deux fois ». mais assurément, ce sont les courses de chevaux qui séduisaient le plus. On y apportait le même soin que sur les hippodromes d’Angleterre et leur renommée attirait les prisonniers anglais et les habitants de Verdun, ceux de Meuse et des départements voisins, voire de Paris. Lors d’une course en septembre 1805, on compta jusqu’à  104 voitures, parmi lesquelles celles d’étrangers de marque : épouse de sénateur, prince etc; D’après Sir Lawrence, « chaque véhicule faisait office de garde-manger, les beaux ne se gênant guère pour passer de l’un à l’autre, acceptant par ici une aile de poulet, par là  une tranche de pâté ».Les prix étaient multiples sans compter les paris particuliers qui s’élevaient à des sommes considérables. Peu à peu les courses s’espacèrent. Les prisonniers, pour la plupart endettés, faisaient preuve de moins de hardiesse, diminuant du même coup la curiosité du public. Elles reprirent pourtant en 1811, sous l’égide du major Blayney voulant « égayer l’uniformité et l’ennui qui règnent dans le dépôt ». Il fit aménager un hippodrome et créa un jockey club à l’instar de celui de Londres. Les aspirants de marine tenaient lieu de jockeys et les matelots de groom, avec des chevaux nombreux et de qualité, adroits et agiles.

 

Le depart des prisonniers

Mais c’étaient les derniers jours de l’Empire. Dès le début de janvier 1814, les Alliés passèrent le Rhin. La présence des prisonniers anglais dans une place de guerre pouvant constituer un danger sérieux et le 9 janvier, Napoléon donna l’ordre de les transférer à Blois. Bien que le passage des troupes empêcha Verdun de sombrer dans la morosité, la fête était finie. Bras, théâtre des course, replongea dans l’oubli.

Bras-sur-Meuse
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